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PEUR PAUVRE

SURCOMBLE FRAGILE INSTABLES LES POUTRES BOUGENT LE CORPS S’ENNUIE ET REMUE DANS L’OMBRE UN PEU FROIDE ELLE HABITE UNE UTOPIE DÉRISOIRE SA CASQUETTE PORTÉE À L’ENVERS DE CETTE SOCIÉTÉ À RECULONS ELLE IMAGINE DES CYGNES ARGENTÉS S’ENVOLER VERS LE SOLEIL ROUGE QUI SE COUCHER DE SOLEIL L’A-T-ELLE RÉVÉE OU SEULEMENT VU DANS UN FILM UNE VISION UNE CONVOCATION IMAGINAIRE ?

 

sans réponse de l’amante la rend paranoïaque et fragile le froid la chassant du perron de marbre gelé et son RSA qui la résigne et va à l’opposé de son affirmation elle essaie de revenir sur ce qui la fonde et sur son sentiment d’être flouée malgré son esprit rebel sans cesse éveillé jeunifié par l’envie de tout cramer de toutes façons elle se maintient en vie grâce à son végétarisme et son alcoolisme latent et ses rêves elle n’en n’est qu’amoindrie et dépossédée elle dit à haute voix « JE SUIS À LA MERCI D’UN ACCIDENT D’UNE MALADIE D’UN IMPAYÉ D’UN DONNEUR D’ORDRES NIQUE MA RÉALISATION SOCIALE & CULTURELLE » elle se souvient qu’il n’y a pas de précarité qui soit une liberté que l’expérience précaire est une contradiction qu’en ce moment même elle se berce d’illusions elle écrit dans les notes de son téléphone son journal intime -> discontinuité + subordination = j’attends avec impatience le jour de mon emprisonnement ce n’est qu’alors que ma vie, ma vraie vie commencera

 

L’IMAGINAIRE ATTAQUÉ GRIGNOTE SON MALHEUR RAMENÉ PARTOUT EN SOUS-COUCHES DE FATIGUE DORÉE À CHAQUE DINER D’HIVER AVANCÉ NOYÉÉ DE BON VIN DÉLICIEUX DE JOIE D’AMITIÉ DE SÉDUCTION, ÉPRISE DANS LA CRASSE BOUE VERTE FLUO DES RESTES DU WEEKEND LE SMOOTHIE AU VOMI LES CANETTES TIÈDES ET LE MAGNÉSIUM CONTRE LES CRISES D’ANGOISSE ELLE VOULAIT ÉCRIRE DES TRUCS JOYEUX ET ELLE VA LE FAIRE COMME UN EXERCICE D’ÉCRITURE À ELLE-MÊME ELLE VA ÉCRIRE SUR LA MAISON QU’ELLE AIMERAIT HABITER PARCE QU’ELLE AIMERAIT HABITER AILLEURS QUE DANS CET IMMEUBLE POURRI OÙ LES HUMAIN.E.S CHIENT DANS LES ESCALIERS OÙ ELLE EST TOUJOURS EN COLÈRE CONTRE LE MEC DE L’AGENCE IMMOBILIÈRE QUI S’EN FOUT PLEIN LES POCHES SUR LE DOS DES PAUVRES TANDIS QU’ELLE DÉSIRERAIT S’EMERVEILLER FACE AU PAYSAGE PLEIN DE ROSÉE BOIRE LA CHICORÉE RAMENER LE MUG BOUILLANTE À SON NEZ FROID OBSERVER L’OISEAU FAIRE TOMBER LA PLUIE DE LA BRANCHE L’EAU QUI COULE SUR SES PLUMES SANS CESSE ELLE CHERCHE LES SOLUTIONS À SON PROBLÈME DE FAUCHÉE ELLE NE VEUT PAS QUITTER PARIS ET ELLE NE VOIT PAS D’AUTRES SOLUTIONS QUE DE QUITTER PARIS

 

elle attend devant la face sombre de son téléphone que l’écran affiche une volonté vivante de la sortir du silence dans lequel elle s’est réfugiée depuis une semaine, rien ne se passe et elle abrutit son crâne avec des séries mal foutues et du vin de qualité elle a envie d’écrire des choses incroyables ou de recopier des livres elle prend au hasard les livres qui tombent de la bibliothèque trop remplie elle ne peut pas s’empêcher d’ouvrir une autre bouteille de vin elle lit « SI SA BOUCHE N’ÉTAIT FAITE QUE POUR PARLER JE LA LUI COUDRAIS » elle pense JE SUIS ÉPUISÉE PAR LE SEXISME AMBIANT QUI S’INFILTRE PARTOUT LÉGITIMÉ — CRÈVE elle remplit plus son verre la nuit commence à sombrer et elle se dit à elle-même se servant le vin doré : N’OUBLIE PAS DE PARTICIPER À TA VIE, NE PERDS PAS DE VUE TON HISTOIRE alors elle quitte l’appartement où elle s’était consignée et marche déterminée jusqu’à l’appartement de sa future amante ne sachant si elle serait la bienvenue elle attend comme une petite mendiante à la porte commence sa tirade « si tu n’es pas lasse de nouveautés, fais-moi entrer, j’ai envie d’entendre ta voix qui doit donner une âme aux mots d’ici-bas je suis une étagère vide pour toi prête à être investie de bibelots, de livres de poésie et d’encens brûlants les soirs où tu es seule avec le sommeil, je monterai à cheval sur un rayon de lune qui me conduira au centre de toi là où la température est la plus chaude, je te tiendrai embrassée contre mon torse, j’écraserai ta cage contre la mienne, jolie fleur du monde, pétale de lèvres pâles, je suis une pieuvre isolée sur notre terre, NE ME FAIS PAS PERDRE MA PASSION IDÉALE, PUIS-JE AIMER EN TOI UNE VIVANTE MAITRESSE? »

 

ALORS DANS LE UBER FACE À L. ELLE NE PEUT S’EMPÊCHER DE L’ALLUMER ET ÇA MARCHE L. LUI DIT J’AI TROP ENVIE DE T’EMBALLER LÀ, ELLE SE DIT QUE C’EST À CAUSE DU SCORPION OMNIPRÉSENT DANS SON THÈME ELLE NE PEUT PAS SUPPORTER DE NE PAS PLAIRE ELLE PASSE SON TEMPS À SÉDUIRE OU À DEVENIR TRISTE PARCE QU’ÉTERNELLEMENT INSATISFAITE ELLE A TROP ENVIE DE BAISER DORT PEU ET SE RÉVEILLE TOUJOURS À LA MÊME HEURE MALGRÉ LE MÉLANGE D’ALCOOL

 

 

Peur Pauvre baise la nuit

 

PEUR PAUVRE est assise contre un arbre et il fait nuit — she is waiting for a girl — elle aime déjà l’embrasser — her taste is important — she had to smell sex — she wants a girl who loved to be fucked contre la nuit — qui aime qu’on la baise dans le noir — intensément qui s’accroche aux bruits de l’amour

 

PEUR PAUVRE suce le vent avant de goûter sa nuque — she lies down against the dark air - it’s completely intense and she thinks she’s a pussy — elle approche ses doigts lentement — her cunt is wet and sinking the grass — ses pupilles s’agrandissent — elle prend sa bouche dans la sienne

 

dans ses mains se dessinent les brins d’herbe et les graviers — she licks accroupie — her legs open on her thighs — elle ouvre plus ses cuisses — le paysage est dégagé — elle ne se souvient plus de ce qu’elle a fait aujourd’hui

 

PEUR PAUVRE loves sex outside with strangers with tall grasses and salty cyprine — si elle regardait dans les yeux de l’autre elle verrait son reflet — she would exist totally complètement validée — il s’agirait de respirer ensemble — to breathe together est l’idée du siècle sombre

 

que savons-nous de la préhistoire ? the lions had no mane and we’ve no heating — PEUR se déplace dans un appartement à bain d’huile — elle approche sa main mouillée pour renifler ses doigts — sa braguette est ouverte

 

at that moment for her, love could only be free and free of the couple — maintenant she saw the moon flattening against the dirty ground le sol sale — elle ne sait pas pourquoi elle lui propose de boire un verre — elle aime le goût de sa sueur et comment elle jouit — she’d like to offer her some japanese whiskey

 

elle ne savait pas que la nuit changeait les perceptions et ne durait pas éternellement — elle la regarde sans qu’elle la voit

 

 

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